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Le Journal de Sierre
septembre 1995 |
Et Monica recréa la
femme...
Déroutante, l'exposition de photos de Monica Deferr au Forum d'Art Contemporain. Des
images aux accents de peinture et au goût d'irréel féminin.
PAR Véronique Salamin
Dès le seuil franchi, on comprend pourquoi
le Forum d'Art Contemporain (FAC), généralement axé sur la peinture ou l'Art plastique,
expose les photos de Monica Deferr. Difficile, en effet, au premier regard, de soupçonner
la pellicule dans les travaux de l'artiste. Le visiteur optera plutôt pour de la
peinture.
Trompe-l'oeil voulu par Monica Deferr qui associe ses monochromes à son travail
photographique: "Je les utilise pour traduire des ambiances particulières, des
atmosphères oniriques". Sur papier sensible, ses peintures deviennent irréelles et
sous-tendent les sujets même de l'image: la mythologie, le récit de la création de
l'homme dans la Genèse.
"Je ne travail pas sur tous les mythes", seulement sur ceux liés à la
création de la femme, aux conditions de l'homme." Ève (la tentatrice de la Bible),
Pandore (qui ouvre une jarre et répand tous les maux sur terre), Mélusine (condamnée à
devenir femme-serpent), sont quelques-uns des modèles de l'artiste. Et vice-versa; car
Monica Deferr se met en scène dans la plupart de ses photos: "J'aime bien me
déguiser" avoue-t-elle. "Mais je ne cherche pas à m'identifier à mes
personnages, je les endosse, comme le ferait un comédien:" Un travail en solo qui
permet à l'artiste de gérer son travail de bout en bout.
Issues d'une longue recherche théorique,
les compositions photographiques de Monica Deferr n'en sont pas moins déchiffrables.
Avec une technique relativement compliquée (superposition de plusieurs prises de vue sur
un même négatif, sans aucun montage ultérieur), l'artiste révèle la photo sous un
angle tout à fait singulier.
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